Montparnasse : un projet au service de l’attractivité économique
Le nouveau quartier Montparnasse est un exemple typique des choix politiques en termes d’aménagement de la ville par la majorité municipale. Derrière un urbanisme à la mode, il s’agit d’augmenter sensiblement la surface des trois centres commerciaux présents dans une zone déjà très dense en enseignes, et qui connaît des problèmes structurels de saturation des transports.
5 projets concernent actuellement le réaménagement du quartier Montparnasse : la rénovation du centre commercial Gaîté, la rénovation de la gare, la rénovation de la tour Montparnasse, la rénovation de la tour CIT et l’aménagement du quartier Maine-Montparnasse. Au total, ils ne remplissent pas les objectifs d’amélioration du transport, de réalisation d’un quartier mixte et de diminution du déséquilibre logement/commerce (pourtant aux objectifs du PLU, Plan Local d’Urbanisme), d’autant plus qu’aucune étude d’impact globale n’a été faite sur le réaménagement complet du quartier, mais seulement projet par projet.
Les auditions faites auprès des habitant·es, conseils de quartier et associations locales ont montré que la concertation s’est malheureusement déroulée comme d’habitude : chaque projet a été présenté à un stade d’avancement quasi-définitif, la concertation se résumant à aplanir les différends avec les riverains immédiats des travaux. Aujourd’hui la plupart des projets sont lancés, voire en passe d’être achevés. Seul le projet de réaménagement du quartier Maine Montparnasse en est à une phase amont.
La mairie a systématiquement laissé l’initiative de la transformation de ce quartier aux propriétaires et acteurs privés (la foncière Altarea en collaboration avec la SNCF pour la Gare, Unibail pour l’îlot Gaîté, et la copropriété EITMM pour la Tour Montparnasse, la tour CIT et la restructuration de la dalle), et s’est contentée de se placer en simple accompagnement de ces projets naturellement centrés sur le développement de l’attractivité commerciale (au total il y aura 3 centres commerciaux dans un périmètre très restreint : Montparnasse, Gare Montparnasse, Gaîté). Or, il existe depuis le PLU de 2006 une OAP (Orientation Aménagement Programmation) sur Maine-Montparnasse, malheureusement trop peu ambitieuse dans ses objectifs. Elle se concentre surtout sur l’aspect voirie/accès, et un peu de redynamisation commerciale ; la seule mention de logements – en l’occurrence, sociaux – est sur l’îlot Gaîté, hors zone déficit LS, mais avec un métrage seuil très faible : 4275 m2. En l’état, on peut dire que cette OAP n’a pas été utilisée.
Dans l’immédiat, il faut que la Mairie réalise une étude d’impact globale sur tout le secteur de l’OAP, spécialement sur la densification des surfaces commerciales et de bureaux et sur la saturation à craindre des transports publics. Deuxièmement, il faut que la Mairie pousse dans les négociations pour un maximum de logements et à l’intérieur de ceux-ci, de logements sociaux, par rapport au nombre de bureaux construits, et ce afin de respecter ses propres objectifs affichés, à savoir « renforcer l’urbanité du site et réaliser un quartier mixte d’activités économiques, de logements dont des logements sociaux et équipements d’intérêt général. » En l’absence de chiffres officiels communiqués sur la part des logements, il est difficile de se prononcer sur le caractère effectif de ces déclarations, mais les premiers éléments transparaissant de la communication officielle de RSHP, l’agence en charge de l’aménagement du site, ne sont guère encourageants.
Au-delà delà des aspects techniques et urbanistiques, nous refusons cette vision de la ville et de ses usages centrés sur l’attractivité économique. Nous ne souhaitons pas que la ville soit organisée autour de l’hyper-consumérisme, et que l’aménagement de nos rues ne fasse la part belle qu’à cette fausse culture des boutiques gadgétisées. Nous défendons le « droit à la ville » pour les gens qui y vivent, travaillent ou s’y déplacent, lequel implique l’accès au logement pour tous·tes, aux équipements sportifs et culturels et espaces verts publics, et à une culture et une convivialité authentiques et qui ne soient pas uniquement médiatisées par le rapport marchand.
Article rédigé par Les Insoumis·es du 14e