Vœu relatif à la démarche municipale de budget participatif
Mme Danielle SIMONNET.- Merci, Monsieur le Maire.
Mes chers collègues, la question que l’on doit se poser, ce n’est pas : « Est-ce que cela va suffisamment loin ? », mais déjà : « Est-ce que cela va dans le bon sens ? » Ce serait une bonne question. Essayer de comprendre pourquoi est-ce que l’on fait cela, pourquoi est-ce que l’on engage une démarche de budget participatif, pourquoi cette démarche-là a été engagée par la Ville.
Et je voudrais revenir sur un élément très important qu’a pu dire hier soir, dans le débat, Barbara GOMES du Groupe Communiste. Elle a rappelé l’héritage de Porto Alegre et de cette démarche de démocratie participative qui visait, pour Porto Alegre, de faire en sorte que les usages de la ville soient bien définis, d’abord et avant tout, avec les habitants des quartiers les plus populaires, c’est-à-dire ceux pour lesquels il y a un besoin urgent de changer concrètement les conditions de vie maintenant, et de faire en sorte que la dynamique d’implication des quartiers populaires et des habitants, que l’exercice de leur souveraineté permettent de créer le rapport de force par rapport aux logiques d’intérêts privés, et donc je reviendrai sur l’enjeu de la démocratie participative.
Pour moi, c’est de pouvoir faire avancer le droit à la ville. « Le droit à la ville », cela veut dire quoi ? Cela veut dire permettre d’émanciper les usages de la ville des intérêts privés et de faire en sorte que les citoyens exercent leur souveraineté pour définir l’évolution de la ville et de ses usages afin que nos politiques répondent véritablement aux besoins et à l’intérêt général, social et écologique.
Alors, regardons comment les choses ont évolué à Paris. En 1995, quand on crée les conseils de quartier, notamment dans le 20e, dans un rapport d’opposition à la Mairie centrale, c’est justement pour faire entendre les intérêts des habitants des quartiers populaires et faire en sorte que les politiques publiques soient bien définies avec eux. Il y a une véritable progression en 2001 : on évolue et on fait en sorte que les conseils de quartier se développent dans tous les arrondissements. On crée aussi le conseil des résidents étrangers. Pourquoi ? Parce qu’on estime scandaleux la non-instauration du droit de vote des étrangers aux élections locales. On crée des conseils de la jeunesse parce qu’on sait qu’il est très difficile et parfois même illusoire de croire que la jeunesse, qui se situe entre deux étapes de transition, participe forcément aux conseils de quartier et que, à un moment donné, faire en sorte qu’il y ait des outils où la jeunesse s’exprime en s’organisant par elle-même peut être plus efficace.
Eh bien, il n’y a plus de conseil de résidents étrangers, il n’y a plus de conseil de la jeunesse au niveau des arrondissements – en tout cas, pas dans tous les arrondissements – mais, surtout, les décisions qui sont prises…
Regardez, ne serait-ce que dans cette séance du Conseil de Paris : est-ce que l’Institut phonétique… Sur le fait qu’on récupère le bâtiment, est-ce qu’il y a eu un débat avec la mairie d’arrondissement, avec les acteurs de l’Institut phonétique, avec la communauté des chercheurs et la population ? Rien !
Prenez la question de la fermeture de l’école Paradis. Est-ce qu’on fait en sorte que le choix de laisser ouverte ou fermée une école se fasse dans le cadre d’une concertation où l’on permet vraiment aux habitants de prendre une décision ? Non.
Nous allons tout à l’heure, en cette séance, débattre de la gare du Nord. Nous allons débattre ici après que le protocole ait été signé par la Maire de Paris, donc vous voyez bien !
On pourrait encore prendre la question des habitants de Python que nous traitions hier. Est-ce que le plus important c’est que les habitants de Python participent à un projet inventif ? Non ! C’est qu’on leur demande ce qu’ils veulent pour améliorer leur vie ici et maintenant et qu’on entende leurs exigences ! Comment d’ailleurs se sont-ils impliqués, au point de venir faire une mobilisation ? Mais parce que d’autres citoyens sont venus les voir, ont fait du porte à porte et ont dit : « Nous, on va prendre en compte votre colère et on veut que vous puissiez peser et faire pression sur la Ville de Paris et sur les bailleurs pour que vos exigences puissent être entendues ». Donc revenons à cette démarche-là !
Moi, ce qui me pose problème dans la démarche du budget participatif, c’est que l’on demande finalement aux citoyens de pouvoir avoir des projets non pas sur l’essentiel de nos politiques mais des projets inventifs. Alors, je suis tout à fait favorable à ce qu’ils puissent faire des projets inventifs mais il ne faudrait pas que ce soit le joli arbre qui cache la forêt où la souveraineté populaire est piétinée de fait.
Déjà, comprenons bien qu’une démarche participative devrait faire en sorte que les budgets de toutes les directions puissent être faits de manière participative. Alors, cela ne veut pas dire complète, mais prenez la question des travaux des écoles. Faisons en sorte que, dans chaque arrondissement, le budget d’investissement des travaux des écoles – même si hélas je regrette qu’il ait à ce point baissé lors du budget qui a été voté en décembre – puisse faire l’objet d’une discussion avec l’ensemble des conseils des écoles d’un arrondissement pour voir quelles sont les priorités. De même, sur la voirie, faisons en sorte que les choses évoluent dans ce sens-là car, sinon, on se retrouve avec un budget participatif qui, finalement, et cela a été dénoncé par d’autres interventions, rattrape les erreurs du budget en tant que tel. Des travaux d’école ont été faits comme cela avec le budget participatif ; cela a été également fait sur des problèmes de voirie.
Et ensuite, quand vous dites maintenant, dans cette évolution de charte, que le côté « regroupement de projets » serait vachement mieux, que ce serait un progrès. Bon, cela a déjà été fait, les regroupements de projets, dans la précédente mandature… Je vous donne un exemple de projet de regroupement avec lequel j’étais en total désaccord avec Antoinette GUHL : il y avait des projets de magasins-ateliers collaboratifs de réparation d’objets. On les a regroupés, et qu’est-ce qu’on a décidé ? Eh bien, on a décidé… Allez hop ! Cela va être 350.000 euros d’investissements pour que Seb fasse son service après-vente de réparation…
Mme Danielle SIMONNET.-… d’électroménager. Ce n’est pas acceptable.
Mme Danielle SIMONNET.- Il y a un petit sujet de temps : je termine.
Aucun service public ne doit changer de mode de gestion sans référendum. Mettons en place le R.I.C. local et faisons en sorte que, dans toutes les directions de la Ville, il y ait une démarche participative.
Je vous remercie.