La Commission du Vieux Paris doit rester un contre-pouvoir indépendant de la Mairie
Mme Danielle SIMONNET.- La contribution de la « Commission du Vieux Paris » est essentielle, importante. C’est pourquoi il faut absolument préserver cette instance démocratique et la renforcer, surtout dans une mandature où l’on va avoir une tâche aussi importante que celle de la révision du plan local d’urbanisme. Je me souviens, hélas, qu’au début de la précédente mandature, il y avait eu des tentatives de remettre en cause son mode de fonctionnement, son indépendance. Finalement, la mobilisation de toutes et tous avaient fait entendre raison, et la « Commission du Vieux Paris » avait pu continuer à exercer son travail.
Tout d’abord, je voudrais rendre hommage à ses membres, notamment l’un de ses membres qui nous a quittés, Pierre Housieaux. Je souhaite que tout le monde se souvienne de l’implication de toutes et tous, et notamment de ceux qui nous ont quittés.
La « Commission du Vieux Paris », il est donc extrêmement important de considérer que son apport n’est pas une conception patrimoniale d’un Paris qui serait figé sur son passé. Penser le patrimoine de la ville, c’est évidemment respecter et préserver la richesse de ce patrimoine, mais aussi penser l’ensemble des potentialités qu’offre l’acquis patrimonial quand on pense la ville et qu’on la fait évoluer. Je vous donne des exemples de vœux de la « Commission du Vieux Paris ». Par exemple, concernant l’Hôtel-Dieu, il fut important que la « Commission du Vieux Paris » émette un avis – qui, pour moi, était très fort – et fasse remarquer, concernant le projet de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, en lien avec la Ville de Paris, qu’il prévoyait la privatisation d’un tiers de l’Hôtel-Dieu. La « Commission du Vieux Paris » s’y est opposée et a dénoncé un projet qui : « parce qu’il sacrifie l’hôpital aux intérêts spéculatifs des promoteurs, va conduire à découper l’hôpital en deux entités indépendantes l’une de l’autre, ce qui est un non-sens, et à construire de nouveaux bâtiments qui constitueront un massacre patrimonial ».
Vous comprenez bien que lorsqu’elle rend un avis argumenté ainsi, elle pense non seulement à l’esthétique du lieu, mais aussi à la pertinence et au sens de l’usage du lieu, de l’usage du patrimoine. Parce qu’il ne faut pas voir le patrimoine simplement comme quelque chose de figé et d’esthétique, mais bien aussi les usages de la ville.
Il y a des sujets sur lesquels je ne sais pas si la « Commission du Vieux Paris » a déjà travaillé, mais je souhaiterais, le cas échéant, qu’elle le fasse – qui seraient, par exemple, la question du « Tunnel des artisans », ce frigidaire naturel de Paris, à Bercy-Charenton. Je me tourne vers la maire du 12e arrondissement. C’est important, parce que, là, on a des tunnels qui ont une température idéale toute l’année, et donc une richesse intrinsèque patrimoniale d’un point de vue de l’intérêt écologique pour pouvoir conserver des fruits et légumes, conserver du vin, ou bien avoir des activités sans avoir besoin de chauffage l’hiver ou de climatisations l’été. Il y a une richesse patrimoniale. C’est donc penser la ville de cette manière.
C’est pourquoi, à l’approche de tout le travail sur le P.L.U., si l’on pouvait travailler avec la « Commission du Vieux Paris » à l’inverse de la logique qui a prévalu lors de la précédente mandature sur les projets « Réinventer Paris », où l’on demandait d’abord aux intérêts privés de s’éclater et de penser comment ils pourraient s’approprier notre foncier, au lieu de se dire comment est-ce que l’on pense le patrimoine et les potentialités de nos villes, comment est-ce que l’on travaille pour réfléchir aux besoins de la population et comment est-ce que l’on y satisfait. Il me semble que travailler avec la « Commission du Vieux Paris » permet d’offrir cela, si tant est, bien évidemment, que l’on respecte son indépendance, si l’on respecte aussi la transparence, si l’on respecte les vœux qu’elle émet en les rendant publics et en les suivant, et si l’on prend bien en compte l’ensemble des aspects du patrimoine. Je souscris à l’amendement d’Europe Ecologie Les Verts sur l’intégration de la notion de paysage naturel dans la présentation du patrimoine.
Voilà pourquoi, pour ma part, je voterai – je les ai bien tous lus – les amendements du Groupe Ecologiste de Paris. Il me semble important de bien préserver un mandat qui corresponde à notre temps de travail municipal, donc maintenir un mandat de 6 ans et pas de 3 ans, maintenir un effectif conséquent, et garantir l’indépendance et le suivi de ses vœux.
Je vous remercie.