Bilan de cette première session extraordinaire du quinquennat
C’est une intense session extraordinaire à l’Assemblée Nationale qui vient de se clore. Elle aura été un concentré politique de toutes les impasses du néolibéralisme incarnée par la macronie : écologique, sociale, géostratégique et démocratique.
Cette session a également montré que la minorité présidentielle pouvait compter sur LR et le RN pour soutenir sa politique. Une politique de classe qui préserve les profits d’une poignée d’oligarques tandis que la misère augmente et que le pouvoir d’achat de la grande majorité baisse et qui aggrave les causes mêmes du réchauffement climatique.
Alors que nombre de commentateurs médiatiques prédisaient que la NUPES ne survivrait pas au-delà des élections, celle-ci a au contraire incarné la seule opposition réelle et cohérente. Mais nous avons dû faire face au mépris et au déni de la démocratie parlementaire de la part de la minorité gouvernementale qui, loin de ses promesses de compromis, a démontré sa volonté constante de s’asseoir sur le parlement.
Malgré l’intensité de la bataille parlementaire, au rythme absurde des séances non stop de jour comme de nuit, week-end compris, la France Insoumise a su également ne pas déserter le terrain des luttes, pour incarner dans le réel les enjeux des combats menés dans l’hémicycle.
L’impasse la plus inquiétante est l’impasse écologique. Alors que la France a connu de nouvelles canicules, sécheresses et pénurie d’eau, incendies, le gouvernement a utilisé sa loi faussement nommée “Pouvoir d’achat” pour relancer les centrales à charbon, importer le gaz de schiste américain par l’installation d’un terminal flottant d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) au Havre, porté par total Energies et GRTgaz. Face au risque réel de pénurie énergétique pour l’hiver prochain, c’est la fuite en avant dans la dépendance aux énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Ce gouvernement dont l’inaction climatique a été condamnée par deux fois paie l’absence d’investissement dans les énergies renouvelables, faisant de la France le pays le plus en retard d’Europe dans ses objectifs, ainsi que l’immense retard dans une stratégie au service de la sobriété énergétique notamment via la lutte contre les passoirs thermiques. Face à la hausse des prix du carburant, il reçoit en grande pompe Mohamed ben Salmane, le prince héritier saoudien, commanditaire de l’assassinat du journaliste Khashoggi et dont le pays poursuit une guerre au Yemen ayant d’ores et déjà fait plusieures centaines de milliers de morts avec des armes françaises, dans l’espoir d’une baisse des prix…qui n’aura pas lieu… Pour ne plus dépendre du gaz russe, la France assume donc non seulement de dépendre du gaz de schiste américain mais sacrifie la défense des droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme aux profits des monarchies du golfe et le tout au mépris du climat. La question écologique est étroitement liée aux enjeux géostratégiques. Le débat autour du projet de loi portant sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan a une fois de plus confirmé le refus de la stratégie d’indépendance de la France au service de la paix que nous défendons dans notre programme, conduisant de la France comme tous les membres de l’Otan à s’aligner sur les intérêts nord-américain quitte à sacrifier les kurdes en se soumettant aux injonctions de la Turquie d’Erdogan…
L’impasse sociale de ces logiques libérales en est le corollaire. Dès les premières semaines après les législatives, les révélations des “Uber files” donnaient le ton pour rappeler la nature du macronisme : un gouvernement qui a fait du lien aux lobbys et de la casse des droits sociaux, conséquences de l’ubérisation, un principe de fonctionnement. Dans le même temps, les débats ont commencé à l’Assemblée avec la loi “Pouvoir d’achat », qui s’avère au départ comme à l’arrivée une loi de baisse du pouvoir d’achat. Elle ne comprend ni hausse des salaires, ni baisse des loyers, ni blocage des prix. La rente des patrons du CAC 40, des grands propriétaires et des profiteurs de l’inflation est préservée. Nous avons par nombre d’amendements tenté de démontrer l’urgence d’instaurer une réelle redistribution des richesses. Nos amendements pour la hausse du SMIC et la contrainte de négociations salariales par branche ont tous été rejetés. Soutenus en cela par LR et le RN, la macronie a imposé sa logique de primes au bon vouloir des patrons, d’intéressements, d’heures supplémentaires défiscalisées, trois méthodes qui visent à dissuader les employeurs d’augmenter les salaires et qui, in fine, via des exonérations de cotisations sociales fragilisent plus encore notre système de protection sociale. Logique, l’attaque de ce système est bien dans l’agenda gouvernemental, via de nouvelles promesses de contre-réforme de l’assurance chômage et de notre système de retraite et la poursuite de la casse de l’hôpital public. Si nous avons réussi par un vote un soir vers 19h30, à imposer une revalorisation des pensions des retraités, très mesurée car se limitant à rattraper le retard sur l’inflation, au milieu de la nuit le gouvernement a fait revoter l’assemblée pour supprimer cette dépense de 500 millions d’€…
Les revalorisations des minimas sociaux, de l’indice des fonctionnaires restent à l’arrivée inférieures à l’inflation qui s’annonce toujours galopante pour la rentrée, et nombre de ces mesures étaient prévues et ne sont qu’anticipées de quelques mois.
Alors que les loyers constituent le premier poste de dépense des français et que leur part est passée de 10% des revenus dans les années 1970 à plus de 30%, voire 50% pour les catégories populaires, le gouvernement a choisi de fait d’encourager les hausses de loyers de 3,5%. La hausse des APL du même pourcentage, 3,5% n’est qu’un marché de dupe quand on sait non seulement que peu de locataires la perçoivent et qu’à l’arrivée, l’augmentation sera bien inférieure aux hausses de loyers. Ni LR ni le RN n’ont voté nos amendements en faveur du gel des loyers, de leur encadrement à la baisse dans les zones tendues au nom de la défense des intérêts des petits propriétaires. Quelle hypocrisie quand on sait que 3,5% des ménages sont propriétaires de plus de 50% des locations !
Pour finir, aucun blocage des prix n’a été instauré ni aucune taxe sur les superprofits. Total peut faire des profits colossaux et son patron augmenter de 50% ses revenus, hors de question pour les tenants de l’extrême marché d’instaurer une taxe des profiteurs de crise. Alors que celle-ci est recommandée par le FMI, Bruxelles, le secrétaire général des nations unies, qu’elle est instaurée dans nombres de pays européens comme le Royaume Uni,, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie et même bientôt les Etats-Unis, le gouvernement continue à s’y opposer. Au lieu de cela, le gouvernement a instauré ses ristournes et engagé une pure opération de pub pour Total. Pour quelques centimes d’€ de plus dealés, LR a renoncé à voter la taxe sur les superprofits. A l’arrivée, Total protège ses plus de 8 milliards € de profits engrangés au seul premier semestre, alors qu’on apprend que l’entreprise n’a payé aucun impôt en France deux années de suite, pour un coût pour elle de seulement 500 millions d’€.
Les collectivités subissent de plein fouet et plus fortement encore que les ménages les conséquences de l’inflation : hausse des dépenses de RSA du fait de sa revalorisation, des dépenses salariales du fait du dégel, bien qu’insuffisant, de l’indice des fonctionnaires et des hausses des dépenses énergétiques. Nous avons réussi à arracher contre l’avis du gouvernement une compensation intégrale par l’Etat des dépenses du RSA et contraint le gouvernement à négocier des compensations partielles de ces hausses. Mais nous savons d’ores et déjà que la situation sera plus que critique pour nombre des collectivités qui devront d’ici décembre prochain boucler leurs budgets dans un contexte d’austérité sévère promise par le gouvernement. C’est d’ailleurs une vis sans fin d’austérité que prévoit le “programme de stabilité” présenté la semaine dernière par le gouvernement devant l’Assemblée, qui traduit les engagements de la France vis-à-vis de l’UE à se plier à la règle des 3% de déficits publics.
Le débat autour du projet de loi finance rectificative, le PLFR, a confirmé cette logique : surtout ne rien changer au système, dont la logique capitaliste aggrave les inégalités sociales, elles mêmes aggravées par les inégalités territoriales comme dans les territoires d’outre mer, accentuant la concentration des richesse dans une poignée de profiteurs qui se gavent en redistribution de dividendes et rentes tandis que la misère explose et que l’urgence climatique s’accentue. Nous n’avons eu de cesse dans tous les débats de ramener l’enjeu de répondre à la crise de l’effondrement de l’hôpital public et plus globalement de notre système de santé, “ce n’est pas le moment “ nous a-t-on rétorqué. Les pompiers qui sont eux aussi en nombre insuffisant, pas assez rémunérés et sous dotés en matériel , “ce n’est pas le moment”. L’école, qui connaît une crise historique de recrutement ? idem… A chaque contextualisation concrète dans nos interventions, parlant de la vie des gens, nous avons eu droit à un brouhaha inouï dans les rangs des différentes composantes libérales de la macronie à LR jusqu’au RN. A chaque vote, un “nous” et un “eux” ont démarqué l’Assemblée entre deux camps, celui des tenants du système et la NUPES avec toutes ses composantes, portant l’alternative.
Mais nous avons tenu. Quel changement pour moi. Durant deux mandats, je me suis retrouvée seule élue d’opposition au sein du Conseil de Paris. Et là, à 75 élu.es FI-Nupes, quelle fierté de sentir la forte cohérence et l’efficacité opérationnelle de notre groupe grâce à l’expérience accumulée par les 17 députés du quinquennat précédent, et la richesse de la diversité de nos membres. Quelle fierté également de voir la cohérence et la solidarité se renforcer entre les différentes composantes de la NUPES malgré nos identités différentes face à l’adversité subie dans l’hémicycle.
Sur le terrain non plus, dans nos circonscriptions et dans les mobilisations, malgré le temps passé de jour comme de nuit en séance à l’Assemblée, nous n’avons rien lâché : avec l’initiative Allo Ségur, initiée notamment par Damien Maudet, nous avons été présents devant de nombreux hôpitaux, à l’écoute des besoins des soignants et des témoignages des usagers sur tout ce qui craque à l’hôpital. Pour ma part j’étais présente devant l’hôpital Tenon dans le 20e pour échanger avec les usagers, et j’ai rencontré l’équipe de l’Ehpad Alquier-Debrousse. Je poursuivrai à la rentrée ces rencontres avec les structures médico-sociales de ma circonscription et leurs agents, qui ont tant à dire sur les manques et dysfonctionnements de nos services publics, dont ils sont les premières victimes et témoins ! Nous avons également organisé des agoras citoyennes de quartier, avec les habitants de nos circonscriptions, comme dans le 20e à Olivier Métra début juillet et à Sant-Blaise fin juillet, pour échanger avec elles et eux sur les débats à l’Assemblée et surtout être à l’écoute de leurs témoignages du quotidien : les prix qui montent sans cesse, les loyers également, les salaires et les retraites qui stagnent et donc permettent de moins en moins de s’en sortir, les problèmes rencontrés par nombre de locataires, le manque de moyens et d’enseignants dans les écoles qui dégradent le service public de l’éducation… Dans le même temps, nous avons distribué le premier “Service après vote”, ma lettre mensuelle de compte-rendu de mandat qui revient sur les combats menés à l’Assemblée et à Paris. Nous poursuivrons à la rentrée toutes ces batailles de terrain, aux côtés des soignants, des parents et enseignants, des locataires, de toutes les mobilisations et des habitant-es dont notre rôle est de relayer les problèmes et les combats. La bataille se poursuivra aussi à l’Assemblée.
Nous savions et nous avions bien constaté lors des élections présidentielles et législatives que LREM s’appuyait sur la stratégie de dédiabolisation de l’extrême-droite pour mieux nous diaboliser. Le choix du gouvernement de nommer plusieurs ministres aux positions LGBTphobes issus de la Manif pour tous en faisait partie. Nous savions que rien ne nous serait épargné. Un nouveau cap a été franchi : le soutien à des élections de RN à des postes clés et l’insulte ultime à notre égard, de façon a peine voilée, nous traitant d’antisémite. A la dernière séance des questions d’actualité, c’est le ministre de la justice lui-même, puis la 1ère ministre en personne qui se sont adonnés à ces invectives. Sur quels fondements ? Aucun. Jamais un seul des notres n’a manqué au combat contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme. Mais diffamez, il en restera toujours quelque chose. Il y a suffisament d’antisémites pour ne pas s’en inventer d’autres, mais surtout : à banaliser à tort cette invective, c’est le combat même contre l’antisémitisme qu’on affaiblit. Ne soyons pas dupes : L’extrême droite a son propre agenda dans sa conquête du pouvoir, celui de sa “respectabilisation” qui exige notre diabolisation. Les irresponsables sont ceux qui par opportunisme politique s’y engouffrent quitte à exploiter les pires heures et crimes contre l’humanité de notre histoire. “Mieux vaut Hitler que le front populaire” disait une partie de la classe politique et du patronat dans les années 30. Pour eux, la logique reste la même aujourd’hui.
Bravo Danielle
Bravo à ta collaboratrice et collaborateurs.
Une rentrée parlementaire qui offre quelle perspective?
Une impasse à l’AN!
L’AN est un grand théâtre, duquel dégouline l’esprit bourgeois.
Les uns et les autres s’instituant, se donnent le change, cela devient insupportable.
Au secours j’étouffe!! Vive la VIème République!
Nous n’allons pas continuer ainsi 5 ans!Non !!
Il va falloir changer de vocabulaire, être plus intrusif, radical, tout en rassurant de la direction nécessaire et utiles à prendre. La VIème République, démocratique au service des peuples.
Un jeu d’équilibre subtil, qui mettrait à jour, les illusions tragiques se jouant au sein de l’AN, au service principalement de la classe bourgeoise et ses laquais, une majorité fragile aux compromissions dangereuses avec le RN.
La minorité agissante ne serait être réduite, par nos adversaires, à une coterie, par trop de bruits incessants pour exister.
Il nous reste à gagner les peuples dans les quartiers populaires, la majorité absolue.
Nous aurions la majorité, ce travail resterait à faire intensément.
Je suis ravi que Danielle ait déjà commencé ce travail.
La Vème République est à l’agonie, épuisée. Prématurément, il va falloir précipité les événements de la chute d’un vieux système, afin de délivrer les peuples du pouvoir toxique d’un seul.
Hélas, notre pauvre France est bien mal en point. Je crains pour l’avenir de nos enfants. Merci, merci encore pour tout le travail accompli. Courage pour la suite. Amicaux saluts.
ce n’est qu’un combat, continuons le début, Merci à vous tou-te-s …