Je soutiens la nouvelle Constitution pour le peuple chilien !
Mercredi dernier, j’ai assisté à l’audition de Manuela Royo, avocate chilienne engagée dans l’élaboration de la Nouvelle Constitution du Chili, qui sera soumise à un référendum national le 4 septembre prochain. Cette audition était organisée par la députée insoumise Raquel Garrido à l’Assemblée Nationale.
Manuela Royo, avocate militante, activiste engagée dans des mouvements sociaux et écologistes depuis de nombreuses années, a évoqué en profondeur la situation politique actuelle du Chili. Suite à l’embrasement social qu’a connu le pays en octobre 2019, avec une mobilisation sans précédent du peuple chilien contre le système politique néolibéral et la Constitution en place depuis la dictature de Pinochet, un accord a été trouvé le 15 novembre 2019 pour permettre la tenue d’un référendum sur la mise en place d’un processus constituant, c’est-à-dire la rédaction d’une nouvelle Constitution.
Une large majorité de chilien·nes se sont prononcés·es en faveur du processus constituant. Manuela Royo nous a expliqué que l’Assemblée Constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution a été intégralement élue et qu’il s’agissait d’une Assemblée totalement paritaire, c’est-à-dire composée de 50% de femmes et de 50 % d’hommes. Elle nous a dit combien la campagne médiatique de la part de la droite réactionnaire et libérale a été violente et calomnieuse. La Constituante a dû faire face en effet à une opposition politico-médiatique tenace et n’a reçu aucun soutien de la part du gouvernement libéral en place : pas de matériel, aucune subvention, aucun local n’ont été mis à disposition de l’Assemblée pour le bon déroulement de son mandat et pour le travail qui lui incombait. Nous connaissons ça ici en France également. La France Insoumise, et plus récemment la NUPES, font régulièrement l’objet d’attaques virulentes de la part des médias bourgeois et de dirigeant·es politiques. Partout dans le monde, lorsque la gauche de rupture monte en puissance, l’oligarchie utilise toutes ses armes pour la décrédibiliser : mensonge, calomnie et manipulation.
Parmi les aspects inédits du travail constituant au Chili, Manuela nous a expliqué que la rédaction de la Constitution obéissait à des règles nouvelles de participation populaire, dans la mesure où chaque citoyen·ne pouvait faire jusqu’à 5 propositions de règles à inscrire dans la Constitution sur un site web créé à cette occasion. L’Assemblée Constituante était non seulement paritaire mais également diverse dans sa représentativité populaire, dans la mesure où elle regroupait parmi ses 154 membres plusieurs formations politiques différentes, mais également des personnes issues de listes citoyennes, de collectifs féministes, ou encore de la communauté mapuche.
Le 4 juillet dernier la nouvelle Constitution a été présentée au Président Boric. Elle sera soumise à un référendum qui se tiendra le 4 septembre, et c’est dans le cadre de ce référendum que Manuela Royo est en déplacement en Europe pour faire campagne afin de défendre le texte puisque les ressortissant·es chilien·nes à l’étranger pourront voter le 4 septembre.
Ce référendum revêt un caractère tout à fait décisif, non seulement pour le peuple chilien puisqu’il peut profondément modifier la vie politique du pays, en inscrivant des principes écologistes, féministes, et de justice sociale dans les règles mêmes du fonctionnement de l’État, mais pour le monde entier également. Si la nouvelle Constitution est acceptée, le Chili deviendra le premier État à inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution ou encore à imposer la parité absolue dans les organes de l’Etat puisque le texte prévoit un minimum de 50% de femmes dans toutes les structures de l’administration, ainsi qu’à reconnaître totalement la diversité de genre et de sexe.
Cette nouvelle Constitution est chargée de principes humanistes universels : la reconnaissance de droits collectifs comme individuels, de droits sociaux comme de droits de la nature. Il s’y trouve, parmi les éléments les plus importants, l’obligation d’une éducation sexuelle publique, la création d’un système national de soins. Il y a également le fait que le Chili se considère désormais comme un état plurinational, féministe et écologiste. Enfin, la Constitution prévoit de garantir des principes environnementaux comme la protection des animaux, la désignation de la nature comme bien commun en la reconnaissant comme un élément vital intrinsèque devant être protégé contre l’exploitation humaine.
En tant que députée insoumise, cette audition avait un intérêt particulier pour moi dans la mesure où le programme que nous défendons depuis des années, comme au cours de la dernière campagne présidentielle puis des élections législatives porte en lui le passage à une 6ème République et donc la rédaction d’une nouvelle Constitution pour le peuple français par la convocation d’une assemblée constituante. Ce qu’il se passe avec la Constituante au Chili, c’est ce que nous aimerions qu’il se passe en France. Cette nouvelle Constitution, du processus d’élaboration au résultat, est un exemple, une grande source d’inspiration pour le peuple français, dans la mesure où tout un tas de principes fondamentaux et de droits humains inscrits dans le texte chilien sont des principes qu’il nous faut garantir aussi en France. C’est le cas de la “règle verte”, défendue dans le programme de l’Avenir En Commun de l’Union Populaire lors des dernières élections, qui figure en d’autres termes dans la nouvelle Constitution chilienne. Comme les chilien·nes nous voulons constitutionnaliser le droit à l’IVG, et nous voulons d’une démocratie paritaire et bien plus représentative qu’elle ne l’est aujourd’hui.
En définitive, nous sommes et nous serons très attentifs et attentives à ce qu’il se passe au Chili, et nous espérons de tout cœur que cette nouvelle Constitution sera adoptée par le peuple chilien le 4 septembre prochain, pour tourner la page de la période néolibérale saccageuse et mortifère héritée de la dictature de Pinochet.
Apruebo la Nueva Constitución para el pueblo chileno. Unidos venceremos, ¡arriba Chile!