Justice pour Emily, pourvoi en cassation !
En 2014, Emily Spanton, une touriste canadienne, est violée par deux agents de la BRI au 36 quai des Orfèvres. En 2019, après 5 années éprouvantes pour elle, son viol est finalement reconnu par la justice. Son cauchemar ne s’arrête malheureusement pas là, le 22 mai 2022, alors que les deux policiers ont fait appel, ils sont acquittés.
Déjà, en 2019, la défense utilisait le traumatisme d’Emily Spanton à ses fins. Ce que la défense considérait comme incohérent n’était que le résultat du traumatisme de cette soirée. Parce que ce soir de 2014, Emily Spanton a bien été violée, et la justice a reconnu son viol.
Alors sur quelles bases la justice se base-t-elle pour acquitter les deux policiers ? Sur une enquête sur le profil psychologique de la victime qui la juge “borderline”. Dans un procès pour viol, ce n’est pas les deux policiers sur qui l’on enquête, ni même sur les faits de ce soir-là, mais bien sur le profil d’une victime qui a subi un violent traumatisme.
A l’indécence de la défense et des deux policiers, vient s’ajouter la clameur et les applaudissements de leurs collègues. Ce n’est pas là l’expression d’un soulagement mais bien celui de la victoire, la victoire de l’impunité sur la vérité.
Alors, selon les règles du droit, Emily Spanton n’a pas le droit de se pourvoir en cassation, seul le procureur général de la République le peut, M. Mollins, dans l’intérêt de la loi.
Que nous apprend cette affaire ? Que selon la justice, dire non ne suffit pas. Que selon la justice, être alcoolisée n’entrave aucunement le consentement. Alors si Emily dit qu’elle a été violée, c’est qu’elle l’a été. Si ces policiers utilisent la carte de la psychologie et de l’état d’alcool dans lequel elle était, eux, plus que quiconque, n’auraient pas dû profiter de l’état alcoolisé d’Emily Spanton. Eux et leurs collègues, plus que quiconque, auraient dû subir une expertise psychologique et avoir la décence de ne pas applaudir le verdict. Si la police, représentante de l’Etat, n’est pas en mesure d’assurer les conditions nécessaires à la sécurité des femmes, qui le peut ?
Alors M. Mollins, dans l’intérêt de la loi, dans l’intérêt d’Emily Spanton mais aussi dans l’intérêt de toutes les femmes, il faut se pourvoir en cassation. La notion de consentement doit évoluer, sinon les viols continueront, et l’impunité l’emportera.
Nous savons qu’il ne faut rien attendre d’un gouvernement qui a au ministère de l’intérieur un individu qui lui-même accusé de viol, semble mépriser les règles de consentement, et à la justice un complice des violeurs ; nous ne pouvons rien attendre d’un pouvoir qui a à sa tête quelqu’un qui accepte de tels comportements au sein de son gouvernement.
Alors M. Mollins, dans l’intérêt de la loi, et dans l’intérêt de son indépendance vis-à-vis de la justice, il faut se pourvoir en cour de cassation. Sinon, le message envoyé à toutes les victimes d’agression sexuelle et de viol c’est qu’elles ne devraient pas porter plainte, rien attendre de la justice…