Le dimanche : faisons l’amour, pas les courses !
En fait, si on délibère chaque année sur ces dimanches ouvrés, il ne faut pas oublier d’où cela vient. C’est de la loi MACRON adoptée en juillet 2015 sous la présidence HOLLANDE. Eh oui ! En fait, cette délibération incarne l’abandon par le Parti socialiste au pouvoir de la question sociale, son incapacité également à penser la question écologique et son incapacité à penser la grande question de l’émancipation et d’un projet de société émancipateur.
Alors, on va être honnêtes entre nous. Cela a été voté sous la présidence HOLLANDE mais cela aurait très bien pu être voté sous la présidence SARKOZY. C’est une mesure totalement libérale. D’ailleurs, dans ces rangs, vous approuvez la généralisation du travail le dimanche et vous aimeriez que la Ville aille plus loin et nous savons bien le grand désaccord que nous avons à ce sujet.
Oui, comme cela a été rappelé précédemment, il y a déjà beaucoup de dérogations au travail du dimanche, pour les commerces de bouche, les restaurants et bien d’autres milieux ou secteurs, comme celui de la culture pour que l’on puisse se cultiver le dimanche, comme la santé, la sécurité et un bon nombre de services publics. Et si on ne souhaite pas généraliser le travail du dimanche, c’est aussi pour permettre au secteur de la culture, par exemple, de pouvoir exister le dimanche.
Alors oui, généraliser le travail du dimanche et accorder, comme vous le faites chaque année, le maximum des 12 dimanches ouvrés pour les commerces, c’est à la fois antisocial, antiféministe, anti-écologique et contraire à l’émancipation.
C’est anti-social parce qu’il faut préserver au maximum, malgré toutes ces dérogations nécessaires, l’harmonisation des temps sociaux. Qu’est-ce que cela signifie l’harmonisation des temps sociaux ? Que l’on soit le maximum à pouvoir être en repos le même jour, tout simplement pour se voir, se reposer, échanger, faire autre chose que travailler et pas forcément se retrouver seul. Si nous avions toutes et tous des jours de repos totalement différents, c’est toute cette harmonisation des temps sociaux qui serait impossible. Cette conquête des temps libres en commun est une conquête sociale qui montre un projet de société humaniste.
C’est anti-féministe parce qu’une grande majorité de femmes sont concernées dans les métiers du commerce. Est-ce que les collègues, qui sont enthousiastes à développer ces autorisations, pourraient se mettre dans la peau et discuter avec les femmes qui se trouvent contraintes à devoir travailler le dimanche ? Voir ce qu’il en coûte en vie de famille ? Le nombre d’anniversaires que l’on ne pourra pas faire, le nombre de repas de famille, les soirées du samedi soir où on est exclu. C’est un problème d’isolement social, vous êtes condamné à cet isolement social quand vous travaillez le dimanche. Evidemment, beaucoup acceptent parce qu’ils n’ont pas le choix – cela a été très bien dit par Barbara GOMES précédemment – parce que les salaires dans les commerces sont totalement insuffisamment valorisés et la bataille est salariale, d’abord et avant tout, pour préserver les dimanches.
C’est aussi anti-écologique. Pourquoi ? Mais parce qu’il faut aussi faire respirer la ville, tout simplement, au moins un jour par semaine. Un jour par semaine, calmons la ville, ralentissons le temps dans la ville. Ne faisons pas en sorte qu’il y ait autant de voitures le dimanche que les autres jours. Ne faisons pas en sorte que l’on soit obligé d’ouvrir autant les commerces, les équipements le dimanche que les autres jours. Réduisons les déplacements, réduisons les dépenses énergétiques.
Et c’est une question d’émancipation. Pourquoi ? Parce que le dimanche, on a autre chose à faire qu’aller courir avec un caddy. Parce que le dimanche il faudrait essayer de calmer au moins cette société consumériste qui nous fait croire que l’on serait plus heureux en possédant plus, alors que notre émancipation au contraire a besoin de nous défaire de ces faux désirs que l’on nous crée par la société de consommation et qui nous appelle absolument à acheter et à être tout le temps d’une frustration à une autre et à consommer, consommer, consommer.
Oui, le dimanche, faisons des promenades et pas les courses. Faisons la grasse matinée et pas les courses. Faisons des repas en famille et pas les courses. Et que celles et ceux qui souhaitent exercer un culte le fassent. Que celles et ceux qui souhaitent aller en manifestation puissent le faire. Que celles et ceux qui veulent avoir des engagements différents puissent le faire. Que la liberté de chacune et de chacun soit respectée en dehors d’un travail imposé, en dehors d’un mode imposé de faire les courses. Mais franchement, faites l’amour le dimanche et pas les courses ! Voilà qui serait bien plus heureux pour toutes et tous. Et bien sûr, ne le faites pas que le dimanche.
La société que nous devons défendre est une société de moins de biens et de plus de liens. Je voterai contre cette délibération.