Affaires Missika : je saisis le Parquet National Financier !
En tant que Conseillère de Paris, étant tenue par l’article 40 du Code de procédure pénale de signaler tout fait pouvant relever de crime ou délits, j’ai saisi le Procureur de la République financier. La maire de Paris, Anne Hidalgo, fera-t-elle de même ?
Le fait que Monsieur Jean-Louis Missika, l’ex Adjoint de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo ait pu occuper des fonctions auprès des entreprises comme Novaxia et Gécina moins de 3 ans après la fin de son mandat, me paraît relever du “conflit d’intérêt évident”, comme l’a d’ailleurs souligné à l’AFP le Président de la Commission de déontologie du Conseil de Paris, Yves Charpenel.
L’entreprise Novaxia a été lauréate de projets d’urbanisme relevant de la Ville de Paris, et donc de l’autorité de cet adjoint : en participant et en remportant des appels à projet “Réinventer Paris” (lauréat de l’APUI Réinventer Paris de 2016 du 61 rue de Buzenval (20e), lauréat de l’APUI de 2017 Réinventer Paris 2 – “Les dessous de Paris” : projet lauréat “Terminus”) lancés par la Ville de Paris ou impliquant la Ville de Paris ; en remportant le concours lancé par l’AP-HP et la Mairie de Paris en 2017 concernant l’Hôtel-Dieu.
Celui qui a été l’artisan de la braderie d’un tiers de hôpital Hôtel-Dieu, situé au coeur de la capitale, au profit de cette entreprise de l’immobilier Novaxia avait donc accepté d’intégrer un comité de Novaxia, avec pour prétendue mission de contribuer à « développer l’investissement dans le recyclage urbain au bénéfice du plus grand nombre. » Rappelons que le projet Novaxia est, en dehors de l’implantation de logements étudiants, d’installer des start-up de santé, des commerces et un restaurant gastronomique au sein du plus vieil hôpital situé face à Notre Dame : un projet bien éloigné du bénéfice du plus grand nombre ! Ce contrat de cession à Novaxia pour 80 ans contre 144 millions d’euros, a été une véritable braderie : soit 7,5 € du m2 par mois alors qu’en logement on devrait être en moyenne à 30€ du m² dans ce secteur ! Si la cession est actée depuis juin 2019, le promoteur immobilier ne pourra réaliser son projet sans obtenir une modification du Plan Local d’Urbanisme. Jean-Louis Missika avait-il donc pour mission de contribuer à cette modification ?
L’entreprise Gecina a fait partie d’un groupement finaliste d’un projet “Réinventer Paris” en 2015 sur le site Pershing (17e) avec le projet “PXP”, et a été partenaire de la Ville de Paris sur différents projets : partenariat avec “Paris&co” sur le Welcome city lab, “mise à disposition temporaire de 2 000 mètres carrés de surfaces dans les tours Gamma”, projet de rénovation du bâtiment “75 Grande Armée”, la mise à disposition de deux immeubles pour l’appel à projet « Paris Culteurs ». C’est en outre l’actuelle directrice de Gecina qui a piloté le projet des tours Duo dans le XIIIe arrondissement via Yvanoë Cambridge, le fonds de pension canadien premier actionnaire de Gecina.
On savait que M. Missika avait été intégré à l’équipe de Bertrand Delanoë parce qu’il avait siégé dans une cinquantaine de conseils d’administration et disposait d’un carnet d’adresse fourni avec des grands groupes comme Free Iliad dont il était le lobbyiste jusqu’en 2008, ou encore Axa et bien d’autres. Depuis au moins 2014, l’ex adjoint d’Anne Hidalgo a profondément transformé la politique d’urbanisme de la ville en la privatisant : la démultiplication des APUI (appels à projets urbains innovants) des dispositifs “Réinventer Paris”, “Réinventer la Seine”, “Réinventer la Métropole”, faisant des investisseurs les vrais décideurs de la ville, au mépris des enjeux écologiques et sociaux.
Non seulement ce n’est plus la ville et sa direction en charge de l’urbanisme qui pensent la ville et maîtrisent les projets, mais en plus les conseillers de Paris sont dépossédés de toute délibération collective sur ces projets et sur cette méthode engagée, qui par ailleurs favorise les grosses structures au détriment des petites, les projets et donc leurs architectes n’étant pas rémunérés quand ils candidatent et ne sont pas retenus. L’opacité est la plus totale sur les compositions des jurys, aucune vue d’ensemble n’est communiquée sur les promoteurs investisseurs retenus, pour quels montants quand il s’agit du foncier de la ville et pour quels usages dans la ville.
Si Monsieur Jean-Louis Missika a annoncé avoir démissionné du comité de mission de Novaxia, puis de Gecina, le seul fait qu’il ait accepté d’y participer constitue un conflit d’intérêt. Aussi, depuis sa nomination datant du 13 avril 2021 comme président du Comité d’orientation et de prospective de l’entreprise Gecina, il aurait perçu près de 25 000€ pour n’avoir participé qu’à deux réunions ! Soit près d’un SMIC annuel par réunion…
Le choix de rejoindre ces deux entreprises, Gécina et Novaxia est par ailleurs emblématique, la première étant spécialiste de la vente à la découpe et de la spéculation d’immobiliers de bureaux et la seconde d’opérations immobilières pour activités commerciales de luxe sous couvert de recyclage urbain de patrimoine public.
Retrouver l’ancienne tête pensante du “Paris en commun” d’Hidalgo, du think thank du PS “Terra Nova” moins de 3 ans après dans les organigrammes de ces entreprises qui ont pu bénéficier de sa politique est inacceptable et il me semble qu’il relève de l’enquête du PNF pour en déterminer la qualification pénale.
Un bilan de la politique en matière d’urbanisme d’Hidalgo s’impose plus que jamais.