
Ce mardi 25 février 2025, j’ai exercé mon droit de visite des lieux de privation de liberté au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot. Depuis 2022, c’est ma sixième visite en CRA et le constat demeure : ces centres sont une atteinte aux droits humains qu’il convient de fermer.
L’actualité du CRA du Mesnil-Amelot est particulièrement brûlante puisque La Cimade, association qui permettait l’accès au droit des personnes retenues en accompagnant notamment les recours de celles-ci, a décidé de se retirer au 1er janvier 2025.
Son constat appuyait celui de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, qui relevait dans son rapport de 2022 une hausse des violences, une alimentation insuffisante, un manque d’intimité, des locaux vétustes, ainsi que des accès difficiles aux soins et aux droits. Face au manque d’évolution de la situation, la Cimade a donc décidé de se retirer, un geste fort qui doit nous alerter sur les conditions de rétention.
C’est dans ce contexte que je me suis rendu au CRA du Mesnil-Amelot. Le changement récent d’association, puisque La Cimade a été remplacée par France Terre d’Asile, ne m’a pas permis d’avoir suffisamment d’éléments concernant les violences et l’accès aux droits.
J’ai cependant pu constater le manque d’intimité où l’ensemble des sanitaires sont dépourvus de verrou, une situation déjà relevée par Dominique Simonnot en 2022. Par ailleurs, ces sanitaires sont souvent sales du fait d’un nettoyage irrégulier ou insuffisant.
Concernant l’accès aux soins, le constat est le même que pour l’ensemble de notre système hospitalier : un manque important de personnel qui rend les conditions d’exercice difficiles. Par ailleurs, ces CRA permettent souvent d’enfermer des personnes présentant des troubles psychiatriques, notamment du fait de polytraumatismes : violence économique et sociale dans le pays d’origine, parcours migratoire difficile et dangereux, manque de moyens d’accueil dans le pays d’arrivée et stigmatisation des personnes migrantes.
En plus de cela, le rallongement de la durée moyenne de rétention (28 jours en 2023 contre 22 en 2022) ne produit aucun effet sur les expulsions sinon une exposition plus longue des retenus aux multiples violences qui y sont commises, alimentant ainsi des troubles psychiatriques. La logique de plus en plus carcérale de ces centres, décriée par les associations, ne permet pas d’améliorer ces conditions.
Par ailleurs, la réforme du 26 janvier 2024, présentée comme une “victoire idéologique” par l’extrême-droite, a ouvert la porte à l’enfermement de nouvelles personnes, notamment des demandeurs d’asile primo-arrivants.
Enfin, je me suis aussi rendu au CRA du Mesnil-Amelot à l’appel des résident-es de foyers de travailleurs migrant-es et habitant-es du XXe arrondissement pour soutenir Monsieur Mamadou Garry. Celui-ci avait été arrêté début février devant le foyer des Mûriers puis retenu au CRA du Mesnil-Amelot.
Cette décision était particulièrement injuste puisque Monsieur Garry résidait depuis plus de dix ans sur le territoire et participait activement à la vie de quartier. Par ailleurs, Monsieur Garry n’avait commis aucun acte pouvant constituer un trouble réel à l’ordre public.
Malheureusement, malgré la mobilisation solidaire des habitant-es du XXe arrondissement, de Ladji Sakho, délégué au maire du 20e en charge du lien avec les foyers de travailleurs migrants, d’Éric Pliez, maire du 20e arrondissement et de Ian Brossat, sénateur de Paris ainsi que de la mienne, Monsieur Garry a été expulsé le 9 mars 2025 vers Bamako. Une décision, encore une fois, particulièrement injuste qui doit nous mener à exiger la fin de la politique du chiffre en matière d’OQTF ainsi que la régularisation des sans papiers.
La lutte continue pour une politique d’accueil des personnes migrantes respectueuse des droits et de la dignité humaine !