Autre 8 Mai 1945 : les objectifs du groupe de travail
Ce mercredi 9 octobre, le groupe de travail sur les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 mai 1945, composé d’Elsa Faucillon, Fatiha Keloua-Hachi, Sabrina Sebaihi et Danielle Simonnet, a auditionné M’hamed Kaki, président de l’association Les Oranges, et Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire spécialisé sur les questions ayant trait à l’histoire coloniale. Tous deux sont membres du Collectif national pour la reconnaissance des crimes coloniaux, à l’initiative d’un appel pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 à l’occasion du 80e anniversaire de ceux-ci.
Cette rencontre a permis de poser les premières pierres d’un travail parlementaire dont les 4 objectifs ont été établis ainsi :
- La reconnaissance de ces massacres comme un crime d’État.
- L’ouverture totale des archives afin de rendre pleinement possible le travail des historiens et des familles.
- La transmission dans les établissements scolaires et l’inscription aux programmes ainsi que dans les manuels d’histoire.
- Un lieu de mémoire qui permettrait aux familles de se recueillir et d’informer la population sur ces massacres.
Le travail d’histoire a déjà en grande partie été réalisé par les historiens, mais ce crime d’Etat est très peu connu par la population et toujours pas reconnu en tant que tel par les autorités françaises.
M’hamed Kaki et Olivier Le Cour Grandmaison, ont rappelé l’enjeu historique de reconnaître une part sombre de l’histoire de France. Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont eu lieu dans un département français, sous les yeux des autorités françaises pour réprimer une aspiration à la Liberté et à l’Égalité, sans que les citoyennes et citoyens n’y consentent.
Reconnaître ces massacres comme partie prenante de l’Histoire de France, c’est aussi ouvrir la voie à une réparation. D’abord pour les victimes et leurs descendant-es, mais aussi pour toutes celles et ceux qui ont eu à subir la terreur de la colonisation, de l’humiliation jusqu’aux massacres. Et enfin, réparation pour toutes celles et ceux qui continuent aujourd’hui de subir le racisme systémique et l’islamophobie non sans lien avec ce passé colonial.
Afin d’atteindre ces objectifs de reconnaissance et de réparation, le groupe de travail s’est doté de plusieurs objectifs. Tout d’abord, l’audition d’historiens spécialistes de l’histoire de la colonisation et de ces massacres afin d’assurer au groupe de travail une meilleure connaissance de ceux-ci. L’audition de familles de victimes permettra aussi de mesurer l’ampleur du poids pesant sur les descendants, comme j’en avais déjà fait le récit dans un précédent article. Un déplacement en Algérie, dans la région de Sétif, Guelma et Kherrata, permettrait de poursuivre ce travail avec des historiens sur place, des familles de victimes, associations et journalistes avec un dépôt de gerbe symbolique d’une délégation de députés..
Nous espérons que ce travail donnera la matière nécessaire pour la constitution d’un grand colloque sur le sujet à l’Assemblée national, le dépôt d’un texte parlementaire, et des soirées débats en département pour partager la mémoire de ces massacres comme part de l’Histoire de France, et ainsi poursuivre ce travail vers la reconnaissance et la réparation.