3 jeunes en scooter percutés par la police
Vérité et Justice pour Safyatou, Salif et Ilan !
C’est l’histoire d’une violence policière inouïe sur mineurs pour une simple infraction au code de la route, que la police a tenté d’étouffer en simple accident de la route en mentant, faits aggravés par une tentative de dissimulation de preuve, de subornation de témoins. Mercredi se tiendra la réunion de constitution du comité de soutien à laquelle je participerai.
Le 20e a été frappé d’un terrible drame qui aurait dû être évité ce jeudi 13 avril entre 23h et minuit à l’angle de la rue de Bagnolet et la rue Ferdinand de Lesseps. 3 mineurs respectivement âgés de 13, 14 et 17 ans, dont l’un sans casque qui se trouvaient sur un scooter, ont été percutés volontairement par une voiture de police aux dires de plusieurs témoins lors d’une course-poursuite. Le pronostic vital était engagé pour la mineure plus âgée pendant une semaine. Enfin sortie du coma artificiel, son état de santé reste très préoccupant. Malgré la gravité des faits, il a fallu attendre 7 jours avant que le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin ne s’exprime et que les 3 policiers soient suspendus le temps de l’enquête administrative et judiciaire. Et tout cela serait resté très certainement étouffé si des habitants du 20e n’avaient pas témoigné et si les familles ne s’étaient pas défendues avec leur avocat.
Avec Laurent Sorel, nous avons pu rencontrer les familles, assister à leur conférence de presse avec les témoins et leur avocat Me Arié Alimi. Nous avons également échangé avec des acteurs du quartier, du collège Henri Matisse, au centre social Etincelles et l’AEP-CR. Le courage et la dignité des familles est immense. Avec Sophia Chikirou Députée de la 6eme circonscription nous avons écrit au Ministre de l’Intérieur G. Darmanin.
Voici ci-dessous plus de précisions sur tout le scandale de cette affaire inacceptable de violences policières.
Selon une femme témoin qui se trouvait en voiture derrière la voiture de police pendant les faits, les agents de police auraient tenté d’arrêter le scooter en ouvrant la portière, puis auraient mis en joue avec leur arme les 3 mineurs et auraient percuté le scooter, provoquant leur chute. Ces gestes pouvaient tuer ! Une telle mise en danger de la vie d’autrui, aggravée par la singularité de la situation, car il s’agit de 3 enfants, est extrêmement grave. L’avocat des familles, lors de la conférence de presse de ce jeudi 20 avril relate qu’une plainte a été déposée pour tentative d’assassinat par personne dépositaire de l’autorité publique sur mineur avec arme par destination (la voiture). Jeudi 20 avril Darmanin a du reconnaitre à la radio qu’aucun refus d’obtempérer ne pouvait justifier que la police outrepasse le droit et la déontologie. Pourtant après tant d’affaires, de Villiers le Bel ou de Grenoble, la police devrait être formée à ne pas engager de course poursuite de 2 roues pouvant mettre des vies en danger pour de simples infractions au code de la route !
Toujours selon les témoins, les agents de police n’auraient pas pris les précautions d’usage de premiers secours, en retirant leurs casques, en les déplaçant, en menottant le 3ème et en l’immobilisant au sol alors qu’il était blessé à la jambe et criait de douleur. Ce n’est qu’à 1h26 que les pompiers quittent les lieux pour l’hôpital. Pourquoi un tel délai ?
Comment se fait-il que les parents de ces mineurs aient été prévenus si tardivement et par un récit très différent de celui des témoins directs ? Les parents de la sœur et du frère les plus gravement atteints n’ont été prévenus qu’à 4h37 du matin. La maman du 3ème qui n’avait pas de casque et qui se retrouve être le moins gravement blessé a été informée plus tôt mais par les pompiers. Comment se fait-il qu’à l’hôpital Trousseau les services de police lui disent que son fils a été victime d’une chute de scooter provoquée par une glissade. Les faits auraient donc été qualifiés d’accident de la route et les parents ont été orientés au service du traitement judiciaire des accidents. Pourtant, plusieurs témoins sur place ont de suite précisé aux policiers présents (une voiture de la Bac ayant rejoint les lieux) qu’ils avaient clairement vu la voiture de police percuter le scooter.
Au vu des faits, de l’état de santé des victimes, de leurs âges, comment se fait-il que l’enfant de 14 ans blessé à la jambe ait été placé en garde à vue ? Sa maman n’a pu le voir ni entendre son récit que déjà les policiers l’enjoignait de porter plainte contre la famille de la jeune fille qui conduisait le scooter. Cette tentative de criminalisation des victimes et de division des familles est plus que choquante.
L’ensemble des témoins ont été dissuadés par la police de témoigner. Pire, une femme témoin a déclaré lors de cette conférence de presse qu’elle a fait l’objet de menaces verbales pour l’obliger à effacer les vidéos qu’elle avait pu enregistrer sur son téléphone. Cette tentative de destruction de preuves et d’intimidation des témoins est totalement illégale.
Le 17 avril, les familles par l’intermédiaire de leur avocat ont pris l’initiative de saisir l’IGPN. A leur connaissance, l’IGPN n’avait pas encore été saisi. Comment se fait-il que le Procureur de la République n’ait pas saisi de lui-même l’IGPN avant les témoins et les familles ?
Ce jeudi 20 avril, les familles n’avaient toujours pas eu le moindre message des autorités, ne serait-ce que pour dire que “tout ceci n’est pas normal”, pour reprendre leurs propos. Elles sont sous le choc face à la gravité de l’état de santé des enfants et devant tant d’inhumanité. Ces deux familles et leurs trois enfants n’ont d’ailleurs bénéficié d’aucun soutien psychologique proposé par la préfecture de police à cette heure. C’est bien leur conférence de presse du 20 avril, largement reprise par nombre de médias qui a conduit enfin le ministre de l’intérieur à en parler le lendemain matin lors d’une matinale.
Le scooter des trois adolescents percuté par la voiture de police, la tentative de criminalisation des victimes, la tentative d’intimidation des témoins et de destruction des preuves : ces faits, loin de relever de la rubrique des accidents de la route, s’apparentent à une violence policière intolérable sur mineurs pouvant entraîner la mort.
Notre attachement à une police républicaine au service de la sécurité et de la sûreté de la population nécessite que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce terrible drame et que justice soit rendue. Ces violences policières n’auraient jamais dû avoir lieu, elles ne doivent jamais se reproduire.