Pas de greenwasching dans l’agriculture urbaine
Sur l’agriculture urbaine, il faut être lucide et ne pas se payer de mots, ne soyons pas naïfs. Même si nous devons redoubler nos efforts, en aucun cas l’agriculture urbaine ne va permettre de nourrir Paris. Promettre cela serait une grave erreur.
L’agriculture urbaine à Paris peut nous permettre de découvrir que l’on peut faire des petits projets agricoles dans la capitale, que l’on peut se nourrir par nous-mêmes, mais très partiellement. Cela permet surtout d’être un point d’appui, une radicalité concrète à un travail d’éducation populaire, pour modifier les consciences.
C’est un levier d’éducation populaire, à la fois pour permettre de reconnecter les urbains à la terre, en avoir conscience, et pourquoi pas susciter des vocations pour certains qui souhaiteraient faire un retour à la terre.
En tous les cas, pour la grande majorité, leur permettre d’avoir un autre apport à la terre et de la fourche à la fourchette et pas de la fourchette à la fourche, permettre un changement dans le rapport de chacune et chacun à la consommation de ce qu’il mange, qu’il ait conscience que ce qu’il mange, ce qu’il choisit de manger est déterminant pour la préservation de nos terres, de nos écosystèmes, et aussi la préservation ou la construction des emplois de ceux qui y travaillent, qu’ils puissent y travailler aussi en bonne santé.
On est vraiment dans un rapport d’éducation populaire plus que sur un leurre d’une autosuffisance.
En revanche, il y a donc deux leviers de la Ville. Les délibérations antérieures étaient importantes. Quand 90 % des terres agricoles Ile-de-France sont réservés à la surexploitation monoculture céréalière, c’est catastrophique. Par ailleurs, que même ces terres céréalières soient menacées par 36.000 projets de bétonisation, c’est catastrophique.
Je rappelle, hélas, que dans cette assemblée, nous n’étions pas majoritaires pour dénoncer Europacity. Pendant longtemps, on a été bien seul pour préserver les terres agricoles franciliennes contre ce projet aberrant de centre commercial. Ce n’est qu’une fois que le mouvement associatif avec des élus politiques qui le soutenaient par ailleurs, que ce soit la France insoumise, Europe Ecologie les Verts et je ne sais plus où vous en étiez sur le sujet, excusez-moi, ce n’est qu’après que la bataille a partiellement été gagnée que le reste de l’Exécutif parisien s’est préoccupé du sujet.
Le plus gros de la bataille, c’est de voir comment Paris peut aider à la préservation des terres agricoles sur la Région Ile-de-France et aider à des retours à la terre.
C’est pourquoi j’encourage vraiment tout ce qui est la coopérative agricole, qui est essentielle, que l’on puisse vraiment aider à l’installation par la coopérative agricole.
Maintenant, on peut donc défendre des projets dans la ville qui permettent de faire ce travail d’éducation populaire, mais en préservant les enjeux de biodiversité, en préservant également les enjeux de lutte contre les îlots de chaleur.
Non, tout projet d’agriculture urbaine n’apporte pas toujours un plus écologique, un plus environnemental. Non. Je vais vous donner deux exemples. D’autres sont intervenus sur la question des réservoirs de Grenelle et je les soutiens amplement. Je me suis toujours prononcée contre les réservoirs de Grenelle, car concernant le projet d’aquaculture dessus, la problématique, c’est que vous mettez par ailleurs des serres, des bâches, donc tout le bien fait des réservoirs de Grenelle est totalement annulé par le projet d’agriculture.
Par exemple, dans le 20e, rue Stendhal, il y a un problème équivalent. Vous aviez une grande pelouse au-dessus des réservoirs, qui avait sa fonction : beaucoup d’insectes y butinaient, cela jouait aussi un rôle de captation de CO2. Ce n’est pas une pelouse, justement, cette pelouse libre, le projet d’agriculture urbaine dessus fait que l’on se retrouve avec des serres, avec du plastique qui recouvre.
Mme Danielle SIMONNET.- Regardez les photos sur le site à certains endroits, venez sur place et vous verrez.
Mme Danielle SIMONNET.- Cela ne veut pas dire que tout est négatif, mais il y a un problème, donc pas de « greenwashing« non plus.