Pas d’argent public pour les crèches confessionnelles !
Après l’excellente intervention qui vient d’avoir lieu, avec laquelle je suis à 100 % d’accord, que rajouter de plus ? Oui, la liberté de conscience, oui, la laïcité…
Mme Danielle SIMONNET.- Vous aimeriez que je ne rajoute rien, cela vous ferait plaisir. Mais je vous entendais vous énerver sur vos bancs pendant l’excellente intervention qui vient d’avoir lieu. Et vous étiez là en train de crier : « Ah ! Vous voulez les fermer, vous voulez les fermer ! » Non, je crois que l’intervention a été très claire. Jean-Noël AQUA n’a absolument pas dit qu’il souhaitait fermer ces crèches, il a même dit d’ailleurs…
Mme Danielle SIMONNET.- Il a même dit que c’était le droit des familles de choisir de mettre leurs enfants dans ce type de crèches. Quand on fait le choix de mettre ses enfants dans ce type de crèches, c’est un choix que l’on assume et ces crèches doivent donc être financées par l’argent privé parce que c’est un choix privé.
Oui, la laïcité garantit la liberté de conscience. Elle garantit également le libre exercice du culte et elle considère la séparation avec la sphère privée. L’Eglise chez elle, l’Etat chez lui. Donc l’Etat ne reconnaît et ne finance aucun culte et pour les crèches publiques, on met l’argent public. Si à un moment donné, des familles veulent des crèches confessionnelles qui sortent donc du champ public, c’est à elles de les financer.
On n’est pas pour fermer ces crèches, mais pour arrêter le financement public de ces crèches confessionnelles. C’est une distinction qui me semble extrêmement claire. Il y a des crèches, par exemple, qui sont dans des entreprises et ne sont pas gérées par la Ville. Des crèches existent sans le financement de la Ville.
Mme Danielle SIMONNET.- On ne demande donc pas du tout la fermeture de ces crèches.
Par contre, c’est un vrai débat. Je trouve que ces conventions sont une hypocrisie. C’est une hypocrisie car si vous les regardez bien, on met le mot « laïcité » dans la convention à plusieurs endroits et les associations vont signer. Alors que dans la définition même de l’objet de ces associations confessionnelles, cela a été rappelé avec les citations très précises, elles peuvent se revendiquer d’une orientation confessionnelle, religieuse, de leur propre vérité révélée. C’est leur droit le plus strict mais cela n’a rien de conforme à la laïcité.
Mais surtout, vous savez qu’elles peuvent signer comme quoi elles participent aux commissions d’attribution et quand elles arrivent aux commissions d’attribution, la crèche a déjà fait sa quasi-totalité de sélection des dossiers. Donc elles peuvent écrire « mixité », mais la vérité c’est quoi ? Dans un certain nombre de crèches, ce sont les familles d’une certaine confession qui ont choisi de mettre leurs enfants dans cette crèche.
Il peut s’agir d’associations confessionnelles catholiques ou d’association confessionnelles Loubavitch. Il n’y a pas d’association confessionnelle musulmane qui a des crèches à Paris, mais je peux vous dire que j’aurais eu exactement le même vote contre le financement des crèches confessionnelles, quelles qu’elles soient. Par contre, je doute, hélas, dans le contexte actuel que la Ville et l’ensemble des élus auraient abordé ce débat exactement de la même manière. C’est dire le malaise qu’il y a en ce moment.
Donc je pense qu’il est extrêmement important d’arrêter ce financement, d’arrêter cette hypocrisie et de mettre cet argent public dans des crèches publiques ou associatives laïques. C’est important. Quand les uns et les autres peuvent faire des sermons au nom du séparatisme, je dirais franchement que dès la petite enfance, je souhaite que la Ville promeuve quoi ? Des crèches – ce n’est pas de la garderie et c’est quand même le premier lieu de socialisation – indépendamment de toute confession religieuse, c’est la meilleure garantie de la mixité.
Si c’est cela ! Et l’école de la République le fait d’ailleurs en dehors de toute confession religieuse. L’école de la République, elle est laïque, Monsieur ! Elle est laïque !
Mme Danielle SIMONNET.- Donc je voterai contre cette délibération.
Je vous remercie.