Nos déchets valent de l’or pour les multinationales
N’oublions pas que nos déchets sont de l’or pour les multinationales. C’est une source de profit énorme pour les entreprises qui gèrent la collecte, mais surtout pour les grosses structures qui vont ensuite exploiter la gestion de nos déchets.
Il y a donc des logiques totalement contradictoires, entre la logique privée de recherche du profit et l’intérêt général qui devrait viser à réduire drastiquement nos déchets, et qui devrait nous conduire à changer et à repenser totalement nos modes de développement, avec le principe de la sobriété heureuse qui est de se dire que le meilleur des déchets est encore celui que l’on ne produit pas et que l’on évite à produire par une consommation totalement autre.
Cela a été déjà rappelé, cette délibération est juste un règlement qui définit les catégories de déchets, qui reprécise l’organisation opérationnelle de la collecte, les modalités de collectes spécifiques et la collecte sélective en pied d’immeuble. Mais cela doit être l’occasion pour nous d’avoir à nouveau un échange sur la globalité de notre politique autour de tout cela et qui ne saurait se limiter bien évidemment à ce règlement.
Première chose, je rejoins sans surprise la position du groupe Communiste et Citoyen, que j’ai par ailleurs toujours défendue, qui est la nécessité de remunicipaliser la collecte des déchets. C’est d’abord dans un souci d’intérêt général et de responsabilité vis-à-vis de l’argent de nos concitoyens, de l’argent public. Puisque la tonne de déchets collectés par le privé coûte 15 euros de plus, remunicipalisons et nous économiserons de l’argent.
Et c’est aussi un intérêt écologique parce qu’il y en a assez de voir ces images où on découvre que la collecte par le privé amène parfois des bennes à prendre tranquillement une benne de biodéchets pour la reverser finalement dans un camion benne réservé à d’autres tris. On ne peut pas demander à nos concitoyens de poursuivre et d’amplifier le tri de leurs déchets si on a ces images. Quand bien même ne seraient-elles pas fréquentes, si on a ces images, ne serait-ce qu’une fois par an, on voit que sur le terrain ce n’est pas respecté. Donc une remunicipalisation permettrait une bien plus grande rigueur dans le suivi de la gestion du tri de nos déchets.
Ensuite, à l’arrivée, au niveau du S.Y.C.T.O.M., si on veut réduire ce qui va à l’incinérateur, il vaut mieux que ce soit une logique publique. On devrait regretter les projets antérieurs du S.Y.C.T.O.M. de changement des grands fours, alors que dans une logique de réduction on ne doit pas faire dépendre nos productions d’énergies renouvelables de la production des déchets quand on doit absolument réduire les déchets.
Et dans le respect de ceux qui travaillent sur nos déchets, que ce soit à la collecte ou pour les ouvriers du tri des centrales du S.Y.C.T.O.M., on devrait se préoccuper de leurs conditions de travail et de rémunération. Or, nous savons pertinemment que dans la gestion du privé, la situation est dégradée et bien souvent inégale. Je me réfère aux grèves dont j’ai pu parler au précédent Conseil.
Maintenant, il y a aussi tout l’enjeu de la sensibilisation et de la mobilisation des Parisiennes et des Parisiens. Oui, il y a enfin un guide des déchets, mais je pense qu’il faut développer bien plus d’autres actions. Je regrette que l’on n’ait pas suffisamment recours aux logiques associatives, du type « VoisinMalin », qui permettent de faire en sorte que des voisins soient responsabilisés et fassent du porte-à-porte dans une démarche d’implication et de réflexion sur le tri des déchets, avec le lien derrière tout cela du développement des composts et des jardins partagés dans l’habitat, pas simplement privé mais aussi dans l’habitat social. Cela devrait être un levier beaucoup plus exploité. Il y a encore trop d’endroits où rien ne se fait ni ne bouge à ce niveau-là.
Des expérimentations ont d’ores et déjà eu lieu avec certains bailleurs et il faut absolument encourager à les généraliser et envoyer des courriers aux habitants et aux associations de locataires pour leur proposer d’être moteurs et à l’initiative de ces démarches. Concrètement, par le biais du compost et du jardin partagé, cela permet de réduire ce qui va à l’incinérateur, mais cela enclenche aussi toute une réflexion et un autre rapport.
De la même manière, il y a le soutien aux ressourceries et recycleries qui permettent non seulement de donner une seconde vie aux déchets mais aussi une vie sociale autour de nos objets et un autre rapport à l’objet. Il en va de même pour les FabLabs, ces ateliers qui permettent d’agir sur le faire soi-même ou sur le réparer soi-même et procèdent de cet esprit.
Aussi, saisissons beaucoup plus l’éducation populaire. Vous avez des super conférences gesticulées sur la question des déchets, vous pouvez donc saisir les acteurs de la culture pour avoir une autre réflexion dans nos quartiers sur l’ensemble de ces questions…
Mme Danielle SIMONNET.- Sur la collecte des biodéchets, il est temps qu’elle arrive et qu’elle permette aussi de développer une autre filière des biodéchets et que tout cela se fasse en régie publique.
Je vous remercie.