Égalité femme-homme : la ville employeuse devrait donner l’exemple
Mes chers collègues, vous avez interrompu un grand échange débat sur l’enjeu de dégenrer l’espace public. Il y a parfois dans cette Assemblée des discussions en plénière fort utiles et des discussions en aparté tout aussi nécessaires.
Je reviens néanmoins sur le sujet. Je souhaitais dans mon temps imparti insister surtout sur la question de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail à la Ville de Paris, c’est-à-dire prendre l’angle Ville de Paris employeur.
D’abord, je voudrais vous témoigner ma colère de ce matin encore. Quand les syndicalistes, par ailleurs femmes, ont voulu distribuer à l’ensemble des Conseillères et des Conseillers de Paris leurs tracts pour sensibiliser l’ensemble des Conseillers et des Conseillères de Paris sur leurs revendications dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à la Ville de Paris, on les en a empêchées. Elles se sont fait menacer de devoir payer une amende de 135 euros parce qu’elles n’avaient pas déposé d’autorisation de rassemblement pour distribuer un tract aux Conseillères et Conseillers de Paris. Excusez-moi, c’est une honte ! Que des syndicalistes ne puissent pas distribuer un tract aux Conseiller de Paris lors de la séance du Conseil de Paris qui traite des questions des violences sexistes et sexuelles, non, c’est lamentable !
Et je vais vous dire, ce qui est insupportable également – je n’arrive même pas à savoir à partir de quelle date et si quelqu’un pouvait me dire d’ailleurs si cela dure depuis un ou deux ans – que plus aucun rassemblement ne soit autorisé sur le parvis de l’Hôtel de Ville quand il y a une séance du Conseil de Paris. Pour quelles raisons ? Cachez-moi ces contestations que je ne saurais voir ! Alors que franchement, en ce moment, il n’y a rien sur le parvis de l’Hôtel de Ville ; vous n’avez pas réussi à faire un événement qui rapportait de l’argent à la Ville sur l’espace public, donc cela ne dérangeait pas. Vraiment, décidément, j’espère qu’on aura un de ces quatre plusieurs groupes qui s’attelleront à cette bataille pour que cela change.
Revenons à ce tract fort utile. Il y a des témoignages de syndicalistes qu’il faut entendre, et je remercie le SUPAP-FSU qui a fait un travail formidable là-dessus : « Mon supérieur entre souvent dans le vestiaire alors qu’il sait que je me change », « On m’a appelée Mistinguette à la fin d’un entretien d’embauche », « Après avoir signé ma revalorisation salariale, le RH me dit en glissant un regard sur mes seins, j’espère que vous me remercierez. » Ce sont des témoignages d’agents de la Ville de Paris.
Alors, il ne s’agit pas de dire que la Ville de Paris ne fait rien contre les violences sexistes et sexuelles en tant qu’employeur, mais dans le rapport, que beaucoup vantent et trouvent complet, moi je ne le trouve pas complet. Parce que sur les violences sexistes et sexuelles, il y a un axe formation mais qui n’est quand même pas bien précis sur le volume horaire. Et il y a un deuxième axe qui est l’accompagnement des agents victimes de violences sexistes et sexuelles au travail par la mise en place d’un outil de signalement, afin de libérer la parole et de gagner en réactivité dans l’orientation et l’accompagnement des victimes. C’est bien, mais cela ne suffit pas.
Je vais vous dire ce qu’il est urgent de faire par ailleurs. Je ne prétends pas avoir l’exhaustivité des mesures, mais je voudrais insister sur des propositions que je formule et reformule à de nombreuses reprises dans cette Assemblée.
D’abord, prendre en compte l’écoute et la présomption de véracité de l’agente. C’est le principe : « Je t’écoute, tu dis la vérité, tu as raison, je prends en compte ta parole. » Il faut aussi qu’on ait cette posture à la Ville de Paris en tant qu’employeur, y compris quand il s’agit, et c’est d’ailleurs souvent le cas, de femmes ou d’hommes qui témoignent de femmes victimes de violences généralement de quelqu’un qui est placé en situation hiérarchique.
Ensuite, une fois que l’on prend en compte, il ne faut pas simplement se cantonner de pouvoir réceptionner cette parole mais véritablement améliorer l’accompagnement de la victime. On a des procédures internes à la Ville, et je le redis : il faut accompagner et garantir que les femmes agentes de la Ville puissent être accompagnées, par exemple d’un ou d’une syndicaliste de leur choix lors de ces démarches. Et je le redis, quand il y a des enquêtes administratives de l’Inspection générale des services, il faut que l’agente puisse être accompagnée, soit par un ou une syndicalistes de son choix, soit par une association féministe, et si on n’est pas sur les violences faites aux femmes mais sur la question du racisme et des discriminations par de l’antiracisme ou des lanceurs d’alerte.
Mme Danielle SIMONNET.- Je terminerai : il faut qu’il y ait à chaque fois la protection fonctionnelle accordée aux deux agents et pas, comme c’est trop souvent hélas le cas, où on ne l’accorde qu’à la personne positionnée en position hiérarchique.
Je vous remercie.