Traitement des déchets : le Syctom doit assumer ses responsabilités de donneur d’ordre
Merci.
Dans la continuité de l’intervention précédente, je voudrais rajouter que si Paris doit renforcer ses efforts, elle doit les décupler, parce qu’on a tout de même un retard, comparé à d’autres collectivités. Nous avons encore sur Paris beaucoup trop de déchets.
Il y a tout un travail d’éducation populaire à poursuivre pour réduire les déchets, même s’il y a aussi une bataille nationale pour réduire les déchets à la source et repenser complètement notre mode de développement. Il faut bien comprendre que la réduction des déchets est un impératif écologique et que nos déchets, en revanche, sont une source de richesse pour les prédateurs, pour un bon nombre de grandes entreprises, c’est de l’or. Ils font de l’or sur nos déchets.
C’est pourquoi j’ai toujours défendu et défendrai toujours une gestion publique des déchets à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la collecte, du tri, ou des opérations de recyclage, il faut des services publics ou bien des structures associatives d’économie sociale et solidaire d’insertion.
Je voudrais, dans mon propos sur le SYCTOM, insister sur deux aspects. D’abord, rappeler le scandale à nouveau qui a été relevé par le reportage de Zone Interdite diffusé le 18 octobre 2021 et tourné au printemps 2021, où l’on voit des éboueurs du 18e arrondissement, sur ordre du prestataire Derichebourg, déverser directement les poubelles d’emballages triés dans le conteneur des déchets ménagers.
De telles pratiques ont déjà été constatées par le passé. J’entends bien que face à ce scandale, non seulement cette aberration écologique mais en plus ce mépris des obligations du prestataire, l’Exécutif a affirmé dans la presse avoir durci les méthodes de contrôle et pénalités financières. Comme ce n’est pas la première fois, j’aimerais que l’Exécutif nous dise ce qu’il a donc fait et en quoi il est efficace dans la surveillance de la sous-traitance… enfin dans la surveillance des délégataires qui visiblement se moquent de nous et n’ont absolument pas peur de nous.
Je pense qu’à un moment donné, il faut assumer de menacer de rompre les marchés. Personnellement, je serais pour que l’on rompe les marchés et que l’on revienne à une gestion municipale des déchets. C’est l’objet de mon premier vœu.
Deuxième vœu rattaché, il porte sur le SYCTOM qui doit assumer ses responsabilités de donneur d’ordre. Depuis dix ans, trois sociétés se sont succédé au centre de tri SYCTOM de Paris du 15e arrondissement, Coved, Ihol, Xvéo, une filiale de Veolia, et chaque fois cela s’est fait au détriment des salariés. Les travailleurs ont perdu de nombreux éléments de rémunération, notamment des primes à l’occasion du passage à Veolia, et les relations au travail se sont fortement dégradées jusqu’à devenir délétères. Des écarts de salaire atteignent 250 à 300 euros par rapport aux autres centres de tri des différentes entités de Veolia Ile-de-France.
En parallèle, la charge de travail est passée de 30 à 75 tonnes environ par jour et par équipe, sans augmenter les effectifs. Les feuilles de paie, à l’arrivée, sont assez basses. Alors, un écart de salaire de 250 à 300 euros, c’est énorme.
Une telle gestion déléguée des déchets au privé, qui méprise les acteurs premiers de l’écologie que sont les trieuses et les trieurs, il faut un service public qui porte l’ambition de répondre aux impératifs écologiques, par le respect des travailleuses et des travailleurs, le respect du droit du travail, le respect de l’égalité, à travers égal salaire égal. C’est valable également pour le SYCTOM en tant que donneur d’ordre.
Je suis allée soutenir la grève qu’ils ont menée récemment au centre de tri du SYCTOM du 15e, cela relevait bien l’ensemble des dysfonctionnements. Leur message était clair : à travail égal salaire égal ; et les revendications simples : revalorisation des salaires de 200 euros brut pour tous, prime de qualité à 150 euros comme dans les autres usines du groupe Veolia, augmentation des coefficients des salariés bloqués depuis plusieurs années.
En tant qu’élus, vous êtes un certain nombre à siéger au SYCTOM. Vous êtes donc de fait responsables des conditions de travail et de la pénibilité à l’arrivée de ceux qui sont embauchés. Vous avez donc un devoir de relayer cette exigence du respect des travailleurs à la direction du SYCTOM.
C’est pourquoi j’interpelle à la fois l’Exécutif et chaque conseiller de Paris qui siège dans le SYCTOM, à travers ce vœu, pour que le SYCTOM, en tant que donneur d’ordre de Veolia, exige que les salariés de l’usine du tri du 15e bénéficient tous de la même prime de 150 euros, comme dans les autres usines du groupe Véolia, que les salaires soient revalorisés de 200 euros brut, et que le SYCTOM, lors de la passation de marchés, impose des clauses sociales en concertation avec les organisations syndicales pour protéger les salariés.
Quant au vœu de l’Exécutif, il est vraiment très léger, car justement, il ne présente pas ces éléments concrets que les élus se doivent d’assumer et de relayer.
Vœu pour que le Syctom assume ses responsabilités de donneurs d’ordre :