Prévention santé : il faut plus de moyens pour le Pole de Santé des Envierges (20e)
Mme Danielle SIMONNET.- Pour poursuivre, je voudrais dire que jusqu’à présent, j’étais très attachée à faire une distinction entre les centres de santé et les maisons de santé. Jusqu’à présent, en tout cas dans l’ancienne mandature, mes interventions, c’était souvent de privilégier les centres de santé que j’estime être des lieux où les professionnels de santé sont salariés et où l’on est sur une logique d’une stratégie de prévention santé du centre, quand souvent les maisons de santé, dans ma représentation, étaient plus un lieu de mutualisation de professionnels qui font des actes de santé, en clair.
Or, je trouve que vraiment, à travers le Pôle de Santé des Envierges, et je sais que c’est aussi le cas de la Maison de santé de Ménilmontant et de plus en plus de maisons de santé, on n’est plus dans cette logique. On a des maisons de santé qui effectuent véritablement une politique de prévention santé et participent pleinement d’un maillage sur le territoire. On n’est pas simplement sur des actes de santé en secteur 1, pour garantir à tout public, mais vraiment dans un projet de prévention santé. Cela me semble extrêmement important.
Le Pôle de Santé des Envierges dans le quartier de Belleville, quartier très populaire, par ailleurs déficitaire en personnel de santé, ne réunit pas seulement 12 médecins généralistes, 5 infirmiers, 3 orthophonistes, 2 kinésithérapeutes, 1 pédicure podologue, 1 pharmacien, en lien avec le centre social Archipélia et la Maison Gautier Wendelen des Petits Frères des Pauvres, mais ce qui est intéressant, c’est de voir tout le travail qui est fait sur le terrain et le territoire. J’en veux pour preuve les ateliers qu’ils font par exemple avec des kinésithérapeutes, 3 ou 4 familles avec des bébés pour leur apprendre comment on mouche le bébé lors des premiers problèmes de santé. On sait à quel point c’est un travail très important de prévention santé.
Ces professionnels, qui ont de hauts niveaux d’études, qui pourraient prétendre à de grandes rémunérations, vont faire ce travail pour à peine 20 euros de l’heure. On est sur du qualitatif en termes de prévention et d’implication citoyenne très forte.
Sur cette maison de santé de Belleville de rue des Envierges, des groupes de patients sont constitués pour prendre part pleinement à la réflexion de la politique du centre et pour faire avec eux des actions et des initiatives de prévention santé.
Il y a aussi des projets très importants. Je pense par exemple au groupe de témoignage qui a été fait avec des personnes âgées, qui ont un travail de narration de leur fin de vie. Ce sont des choses extrêmement dures, extrêmement fortes, mais c’est fait avec des artistes. Il y a un travail qui me semble extrêmement important.
Comme l’a dit notre collègue Mme EL AARAJE, il y a aussi tout le travail effectué avec les C.P.T.S., les communautés professionnelles territoriales de santé financées par l’A.R.S., qui permettent à l’ensemble des professionnels, en ce moment c’est en visioconférence, sur des champs thématiques de santé, s’enrichir, mutualiser les connaissances et les actions.
Je pense qu’il est vraiment important de bien se dire que l’on doit faire une distinction entre les maisons de santé qui de fait, pour moi, font la même mission que le centre de santé en termes de stratégie de santé prévention de territoire, politique de prévention de territoire et pas simplement politique de l’acte médical, et pas simplement on donne des sous pour avoir une mutualisation de locaux.
Justement, j’en viens à ma question : vu à quel point c’est super important, pourquoi les subventions ne sont pas plus importantes ? On leur donnait 9.000 euros de 2011 à 2014, puis seulement 5.000 euros en 2016 et 2017. Depuis 2018, c’est 4.000 euros, alors qu’ils demandent 15.000 euros.
Toutes les actions que j’ai pu mal vous décrire, car je pense qu’ils font plein d’autres choses, ce n’est pas mon métier la santé, mériteraient de vraies rémunérations aussi. C’est vraiment du militantisme, et pour beaucoup d’actions, du bénévolat. Je valorise l’engagement et le militantisme, mais quand il y a des stratégies de santé prévention de territoire qui vont vers les publics les plus démunis, il faut que l’on assume de mettre les sous et que ce ne soit pas seulement du dévouement personnel.
Avec 4.000 euros, on est totalement en deçà de l’effort qu’ils font. Je pense qu’il faut les accompagner. J’invite tout le monde à soutenir la délibération et à réfléchir à une clause de revoyure dans les prochains mois, pour sans doute augmenter la subvention d’ici le budget supplémentaire de l’été prochain. Je vous remercie.