PLU : Le vrai bilan d’Hidalgo : Paris bétonisé, gentrifié, privatisé !
Voici mon intervention sur la délibération décidant du cadre de la concertation en vue de la révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) :
Et retrouvez ici les deux amendements que je défendais à cette délibération, mais qui ont été rejetés :
- Relatifs à la lutte contre la gentrification et la spéculation, pour atteindre les objectifs sociaux et écologiques étroitement interdépendants
- Relatifs aux supports techniques nécessaires à la concertation citoyenne sur la révision du PLU
Mme Danielle SIMONNET.- La révision du P.L.U. est un moment politique extrêmement important. Il va durer trois ans. Je souhaite qu’il soit vraiment l’outil de la planification écologique du Paris de demain. Je le redis, Paris de demain sera écologique s’il est social. L’un et l’autre sont étroitement liés.
Alors, regardons déjà le constat. Paris se vide, parce que Paris est trop cher. Paris devient irrespirable, Paris devient la ville du stress.
Dans la délibération, l’exposé des motifs, comme dans les deux annexes jointes, il y a plein de bonnes intentions avec lesquelles, je pense, quasiment tout le monde est d’accord.
Pourtant, le bilan des deux dernières mandatures contredit ces belles intentions, parce que le bilan des mandatures précédentes, cela a quand même été le Paris bétonisé, le Paris gentrifié où la spéculation règne, et le Paris privatisé.
Prenons d’abord la question des objectifs. Oui, il y a des contradictions. L’enjeu politique, c’est dans le débat, argumenter, essayer de voir comment on les transcende et quels choix politiques nous faisons.
Vous parlez du droit au « Paris du quart d’heure ». Je préférais que l’on parle ici du droit à la « ville du quart d’heure », parce que si le « Paris du quart d’heure », cela correspond aux banlieusards qui galèrent pendant deux heures, le compte n’y est pas. Il va donc falloir s’attaquer aux causes. Un million de personnes viennent travailler à Paris chaque jour sans pouvoir y vivre, sans pouvoir y loger. Pour y répondre, il y a deux choses à faire : bien prendre conscience que Paris est excédentaire en emplois, donc que la question de l’attractivité de Paris est un problème.
Il faut au contraire un Paris qui soit solidaire dans la métropole avec les autres territoires et qui assume de relocaliser de l’activité, de l’emploi dans les villes limitrophes, là où il est déficitaire et arrêter cette logique d’attractivité et de l’emploi de Paris pour lui-même. Assumez ce débat.
Deuxièmement, regarder quelles sont les personnes qui font Paris, qui travaillent à Paris et ne peuvent y vivre, et donc se dire que prioritairement, il faut leur permettre d’y habiter. Je pense par exemple aux cantinières, aux éboueurs, à tous ces hommes et ces femmes que l’on a appelés les « premiers de corvée », qui aujourd’hui ne peuvent pas habiter Paris, parce que c’est trop cher.
Il faut donc absolument prioriser dans nos politiques de logements sociaux celles et ceux qui travaillent dans Paris et arrêter de réserver 30 % de logements sociaux pour les catégories P.L.S., alors que 90 % des demandeurs ont des revenus qui correspondent aux P.L.A.I., PLUS. Assumez cela.
Regardez, le bilan est inquiétant. Il y avait 36 % d’ouvriers et employé en 2001 à Paris, il n’y en a plus que 23,8 % au dernier recensement de 2017, alors qu’ils représentent la moitié de la population active sur l’ensemble de la France. Pas une seule fois dans les interventions précédentes, les mots gentrification et spéculation n’ont été cités.
Ensuite, il y a une deuxième contradiction, Paris, on y étouffe. 5,8 mètres carrés d’espaces verts par habitant, c’est un vrai problème de santé publique. C’est un problème écologique important avec le réchauffement climatique, oui, on étouffe dans Paris. Il faut absolument découvrir la Bièvre, préserver les trames bleues et les trames vertes. Il faut reconquérir de la pleine terre.
Contradiction, comment reconquérir de la pleine terre et permettre aux cantinières et aux éboueurs de venir travailler à Paris ? La réponse, on la connaît. Ce sont les 100.000 logements vides, c’est la réquisition, la préemption des bâtiments vacants et de repenser ces usages. Cela n’est pas de bétonner la moindre parcelle. Ces enjeux sont extrêmement importants. Est-ce que cela provoquera l’étalement urbain ? Non.
Je vous invite, mes chers collègues, dans vos partis respectifs, à mener la bataille, que ce soit au niveau des régionales, au niveau de l’ensemble des communes pour que les P.L.U. et les schémas respectent également la préservation des terres agricoles contre la bétonisation.
Maintenant, la méthode. La méthode est essentielle, parce que je pense que si on ne crée pas les conditions d’une vraie implication citoyenne, qui permette une réappropriation du droit à la ville contre la logique des intérêts privés, il n’y aura pas de P.L.U. qui engage la planification écologique réelle et sociale.
Je trouve que dans la méthode, il y a plein de soucis. D’abord, assumez quand même le bilan, le dernier P.L.U. a été attaqué par les associations, c’est bien la preuve qu’il ne répondait pas à une méthode démocratique. Ce qu’il faut et je présente des amendements en ce sens, c’est une vraie concertation en donnant des outils. Je propose une carte avec descriptif des parcelles réservées au logement social, que les gens puissent s’approprier l’ensemble des outils du P.L.U., une cartographie des sous-sols, que l’on sache où on peut…
Mme Danielle SIMONNET.- …et une carte d’arrondissement des bâtiments non occupés. Je propose qu’il y ait un référendum à la fin du P.L.U et la création d’un fonds d’initiative citoyenne pour une expertise indépendante financée par 1 % du montant hors taxes de travaux sur chaque opération. Je vous remercie.